A partir des enquêtes de terrain que je mène depuis quinze ans au Sénégal, mon livre développe une étude comparative de la production de mariages et de familles au sein de trois organisations socio-religieuses de jeunesse musulmane et chrétienne.
En étudiant les mobilisations de ces jeunes engagés dans ces groupes religieux, ce livre montre que les mobilisations, sans être explicitement contestataires, peuvent constituer des espaces de production de modèles de société en différend avec l’ordre social établi. Contrairement à un acteur comme l’ État qui par essence institue l’ordre social, ce livre montre comment ces mobilisations, en produisant de l’institution familiale, vont avoir des effets sur le temps long, qui transforment la donne du jeu social et politique sans pour autant avoir eu, a priori, l’intention de le faire.
Cet ouvrage propose donc l’idée centrale que la mobilisation peut produire de l’institution. L’institution de la famille procède d’un effort de construction de la part d’acteurs qui ne sont pas forcément étatiques ou juridiques, mais qui s’inscrivent dans des organisations appartenant à l’espace du social et du religieux. Ce livre propose de déplacer la focale de « comment s’institue la famille » à « comment on l’institue », pour voir que la famille peut être produite, en quelque sorte, hors de l’État et de la famille, par du sociopolitique, du religieux et de l’organisationnel.
En proposant une étude comparée des pratiques religieuses entre musulmans et catholiques, ce livre développe une approche non religieuse du fait religieux. Il met en lumière des phénomènes sociaux et politiques jusqu’ici peu, voire, non documentés. Il contribue, d’une part, à renouveler la littérature sur les rapports entre islam et politique au Sénégal et, d’autre part, aux travaux émergents sur les muslim-christian encounters en Afrique. Ce travail ouvre également des pistes de réflexion comparatives au-delà du cas sénégalais. En explorant la production de l’institution qu’est la famille, il s’intéresse à une problématique qui n’est pas spécifiquement africaine. Ma recherche m’a conduite à développer une réflexion plus large sur l’existence d’une matrice familiale d’organisation du social et du politique qui permet de renouveler la compréhension de la littérature sur les mobilisations collectives, notamment sur leur dimension contestataire.
Manifestation des taalibe de Cheikh Bethio, Élections présidentielles 2012, Nord Foire, Dakar, Sénégal ©Marie Brossier
Taalibe de Cheikh Bethio, Élections présidentielles 2012, Liberté 6, Dakar, Sénégal ©Marie Brossier
Prayer and Protest. Religion, family, politics, and the social order in Senegal (titre provisoire).
Book proposal soumis (mars 2020), manuscrit en cours
Resumé:
A partir des enquêtes de terrain que je mène depuis quinze ans au Sénégal, mon livre développe une étude comparative de la production de mariages et de familles au sein de trois organisations socio-religieuses de jeunesse musulmane et chrétienne.
En étudiant les mobilisations de ces jeunes engagés dans ces groupes religieux, ce livre montre que les mobilisations, sans être explicitement contestataires, peuvent constituer des espaces de production de modèles de société en différend avec l’ordre social établi. Contrairement à un acteur comme l’ État qui par essence institue l’ordre social, ce livre montre comment ces mobilisations, en produisant de l’institution familiale, vont avoir des effets sur le temps long, qui transforment la donne du jeu social et politique sans pour autant avoir eu, a priori, l’intention de le faire.
Cet ouvrage propose donc l’idée centrale que la mobilisation peut produire de l’institution. L’institution de la famille procède d’un effort de construction de la part d’acteurs qui ne sont pas forcément étatiques ou juridiques, mais qui s’inscrivent dans des organisations appartenant à l’espace du social et du religieux. Ce livre propose de déplacer la focale de « comment s’institue la famille » à « comment on l’institue », pour voir que la famille peut être produite, en quelque sorte, hors de l’État et de la famille, par du sociopolitique, du religieux et de l’organisationnel.
En proposant une étude comparée des pratiques religieuses entre musulmans et catholiques, ce livre développe une approche non religieuse du fait religieux. Il met en lumière des phénomènes sociaux et politiques jusqu’ici peu, voire, non documentés. Il contribue, d’une part, à renouveler la littérature sur les rapports entre islam et politique au Sénégal et, d’autre part, aux travaux émergents sur les muslim-christian encounters en Afrique. Ce travail ouvre également des pistes de réflexion comparatives au-delà du cas sénégalais. En explorant la production de l’institution qu’est la famille, il s’intéresse à une problématique qui n’est pas spécifiquement africaine. Ma recherche m’a conduite à développer une réflexion plus large sur l’existence d’une matrice familiale d’organisation du social et du politique qui permet de renouveler la compréhension de la littérature sur les mobilisations collectives, notamment sur leur dimension contestataire.
Manifestation des taalibe de Cheikh Bethio, Élections présidentielles 2012, Nord Foire, Dakar, Sénégal ©Marie Brossier
Taalibe de Cheikh Bethio, Élections présidentielles 2012, Liberté 6, Dakar, Sénégal ©Marie Brossier
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