Les héritier-e-s biologiques positionnés (actuellement ou par le passé) dans la course à la succession de leur père sont régulièrement évoqués comme les acteurs de tentatives de succession héréditaire du pouvoir. En Afrique, on parle d’Ali Bongo au Gabon, Faure Gnassingbé au Togo, Teodorino Obiang Nguema en Guinée équatoriale, Jean-Bédel Bokassa Jr en RCA, François Compaoré au Burkina-Faso, Sabina et Grace Mugabe au Zimbabwe, Isabel Dos Santos en Angola, Seif el-Islam Kadhafi en Lybie, Gamal Moubarak en Égypte, etc. Pourtant ce phénomène de succession héréditaire n’est pas propre à l’Afrique, ni à une région du monde, ni à des sociétés pensées comme « archaïques » ou « exotiques ». Dans ce sens, j’ai choisi de travailler la succession héréditaire comme un objet particulièrement propice à engager une analyse comparée.
Ce premier volet vise à faire l’état des lieux des transferts familiaux du pouvoir politique pour lequel j’ai créé une base de données inédite recensant les cas de successions familiales à la tête de l’exécutif (présidents et premier ministres) dans le monde depuis 1945, et en Afrique depuis 1960. Le recensement, qui s’arrête en 2017, a donné lieu à une documentation qualitative rigoureuse des cas identifiés. J’ai pu identifier 135 cas au total (monarchies et non monarchies) dans 65 pays (certains pays connaissent plusieurs cas de successions). Le projet s’intéressant aux régimes dans lesquels la succession héréditaire n’est pas institutionnalisée, l’enquête recense, tout en les excluant, les cas des monarchies (sauf constitutionnelles). J’ai ainsi pu identifier 111 cas (non monarchiques) de transmission familiale du pouvoir dans 57 pays (1945 – 2017) entre un ou plusieurs membres d’une même famille de manière continue ou discontinue.

Élections présidentielles 2007, Parcelles assainies, Dakar, Sénégal ©Cristof Echard
[ Co-chercheurs : Marc-André Bodet (science politique, Université Laval) et Marcos Gon (doctorat, science politique, Université Laval) ]
Afin de saisir les incidences des modes de transmission familiale du pouvoir sur le temps long du politique, je développe avec mon collègue Marc-André Bodet et Marcos Gon, un indice d’accaparement du pouvoir et une analyse de type panel à partir d’une base de données monde. Celle-ci collige le nombre total de mandats exercés à la tête de l’exécutif et de ceux exercés par des membres d’une même famille, depuis le début de la trajectoire d’institutionnalisation (souveraineté) des pays, le tout basé sur l’Index Herfindahl- Hirschman (IHH). L’IHH héréditaire d’un pays est une mesure pondérée de la tendance monopolistique de l’exercice de l’exécutif au sein d’un régime politique donné. Cet indice permet de comparer cet accaparement du pouvoir à travers les espaces géographiques. Les résultats de l’analyse comparée montrent que plus l’institutionnalisation du système politique est ancienne et stable, plus la capacité de certaines familles à monopoliser le pouvoir diminue.
Analyse comparée des transmissions familiales du pouvoir dans le monde et en Afrique depuis 1945
Alexandre Saulnier-Marceau, Marcos Gon, Véronique Boucher-Lafleur, Cédrik Verreault
Les héritier-e-s biologiques positionnés (actuellement ou par le passé) dans la course à la succession de leur père sont régulièrement évoqués comme les acteurs de tentatives de succession héréditaire du pouvoir. En Afrique, on parle d’Ali Bongo au Gabon, Faure Gnassingbé au Togo, Teodorino Obiang Nguema en Guinée équatoriale, Jean-Bédel Bokassa Jr en RCA, François Compaoré au Burkina-Faso, Sabina et Grace Mugabe au Zimbabwe, Isabel Dos Santos en Angola, Seif el-Islam Kadhafi en Lybie, Gamal Moubarak en Égypte, etc. Pourtant ce phénomène de succession héréditaire n’est pas propre à l’Afrique, ni à une région du monde, ni à des sociétés pensées comme « archaïques » ou « exotiques ». Dans ce sens, j’ai choisi de travailler la succession héréditaire comme un objet particulièrement propice à engager une analyse comparée.
Ce premier volet vise à faire l’état des lieux des transferts familiaux du pouvoir politique pour lequel j’ai créé une base de données inédite recensant les cas de successions familiales à la tête de l’exécutif (présidents et premier ministres) dans le monde depuis 1945, et en Afrique depuis 1960. Le recensement, qui s’arrête en 2017, a donné lieu à une documentation qualitative rigoureuse des cas identifiés. J’ai pu identifier 135 cas au total (monarchies et non monarchies) dans 65 pays (certains pays connaissent plusieurs cas de successions). Le projet s’intéressant aux régimes dans lesquels la succession héréditaire n’est pas institutionnalisée, l’enquête recense, tout en les excluant, les cas des monarchies (sauf constitutionnelles). J’ai ainsi pu identifier 111 cas (non monarchiques) de transmission familiale du pouvoir dans 57 pays (1945 – 2017) entre un ou plusieurs membres d’une même famille de manière continue ou discontinue.
Élections présidentielles 2007, Parcelles assainies, Dakar, Sénégal ©Cristof Echard
[ Co-chercheurs : Marc-André Bodet (science politique, Université Laval) et Marcos Gon (doctorat, science politique, Université Laval) ]
Afin de saisir les incidences des modes de transmission familiale du pouvoir sur le temps long du politique, je développe avec mon collègue Marc-André Bodet et Marcos Gon, un indice d’accaparement du pouvoir et une analyse de type panel à partir d’une base de données monde. Celle-ci collige le nombre total de mandats exercés à la tête de l’exécutif et de ceux exercés par des membres d’une même famille, depuis le début de la trajectoire d’institutionnalisation (souveraineté) des pays, le tout basé sur l’Index Herfindahl- Hirschman (IHH). L’IHH héréditaire d’un pays est une mesure pondérée de la tendance monopolistique de l’exercice de l’exécutif au sein d’un régime politique donné. Cet indice permet de comparer cet accaparement du pouvoir à travers les espaces géographiques. Les résultats de l’analyse comparée montrent que plus l’institutionnalisation du système politique est ancienne et stable, plus la capacité de certaines familles à monopoliser le pouvoir diminue.