marie.brossier@pol.ulaval.ca

01. Normes sociales, religion et politique

Prayer and Protest : Religion, family, politics, and the social order in Senegal (titre provisoire)

Book proposal soumis (mars 2020), manuscrit en cours

2016-2021 : Mosquées, Hâjj et partis politiques au Sahel et en Afrique centrale : figures de réussite et entreprenariat religieux

Subvention : Conseil de Recherche en Sciences Humaines, Programme Savoir, Canada
Statut : Co-chercheure avec Muriel Gomez-Perez (histoire, Université Laval, chercheure principale) et Cédric Jourde (science politique, Université d’Ottawa, co-chercheur)

Enregistrement des pèlerins, Hajj 2018, Dakar ©Marie Brossier

Depuis quelques années, l’apparition de divers groupes armés se réclamant de l’islam en Afrique de l’Ouest et au Sahel ne doit pas être minimisée, il importe d’éviter les raccourcis analytiques. Les transformations politiques et sociales que vivent les sociétés musulmanes sont protéiformes et complexes. De nouvelles dynamiques font irruption qui touchent, quant à elles, des portions significatives des sociétés musulmanes ouest-africaines.

Notre projet vise à faire la lumière sur l’une d’elles, à savoir l’apparition de nouveaux entrepreneurs socio-politiques islamiques, véritables «figures de la réussite» (Banégas et Warnier 2001), qui émergent depuis les marges des hiérarchies sociales et qui déterminent habituellement qui sont les dominants (et les dominés) dans ces sociétés musulmanes. Il s’agit ici de femmes, de jeunes, ou encore d’individus issus des «castes» subalternes des communautés ouest-africaines («anciens captifs»; «castés»), qui parviennent à contourner les structures de domination en investissant l’islam social et politique. À partir de trois pays où l’islam est nettement dominant (Sénégal), légèrement majoritaire (Burkina Faso), et minoritaire (Cameroun), nous analysons le parcours de ces entrepreneurs religieux, à partir de trois sites d’observation qui sont au cœur de ce renouveau islamique : la création d’agences organisant le pèlerinage à La Mecque (Hajj); la construction de nouveaux complexes mosquées-écoles ; et la création de listes électorales islamistes.

2012-2016 : Modèles, pratiques et cultures scolaires en Afrique de l’Ouest francophone (MOPRACS)

Subvention : Agence Nationale de la Recherche (ANR), Programme franco-allemand
Statut : Co- chercheure, avec Hélène Charton (CNRS- LAM, chercheure principale) et une équipe de huit chercheures

Daara, St-Louis, Sénégal ©Raphaëlle Hayot

A partir du cas du Sénégal et du Bénin, le projet a contribué à mieux comprendre l’évolution des modèles et pratiques scolaires en Afrique de l’Ouest. Alors que ceux-ci sont en pleine recomposition, les questions de la gestion publique ou privée de l’éducation, de son caractère laïc ou religieux, “national” ou extraverti, sont réactivées dans un contexte de fort interventionnisme international. Ce projet a étudié la manière de « faire » l’école en Afrique de l’Ouest. Cette fabrique résulte d’un processus de co-production émergeant des négociations et transactions entre les acteurs impliqués dans les processus scolaires, d’un bout à l’autre de la chaîne éducative (prescripteurs, opérateurs, agents, usagers, etc.) tout autant que de leurs pratiques ordinaires et symboliques. En ce sens, la réalité éducative des pays ouest-africains est loin d’être aussi homogène que les politiques éducatives internationales ne le laissent apparaître.

Au sein de ce projet, j’ai mené une enquête sur l’internationalisation de l’éducation arabo-islamique au Sénégal. J’ai montré comment la mobilité des arabisants entre l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, a permis la circulation transnationale de modèles et de pratiques qui ont été déterminants dans le développement de l’enseignement arabo-islamique au Sénégal. Ce travail m’a également permis d’identifier la manière dont la langue et l’éducation font l’objet d’une politisation accrue dans les débats sur la trajectoire postcoloniale de l’État sénégalais, et ce, d’autant plus, dans un contexte de tensions régionales liées à la crise sahélienne.

2019-2022: Self-accomplishment and local moralities in East Africa (SALMEA)

Subvention : Fonds National Suisse (FNS) et Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Statut : Membre du comité scientifique du projet avec Yvan Droz (Geneva Graduate Institute – IHEID, chercheur principal) et une équipe de 15 chercheurs

This project examines how men and women in contemporary East Africa strive  – successfully or not – to attain and transmit wealth, power, respectability and authority. Achieving these goals means having to overcome formidable obstacles in the form of rapidly-changing social realities impacted by fundamental structural changes in local practices and the practical means for achieving a quality life. The interdisciplinary research team and its partners explore the dialectic between forms of self-accomplishment and morality repertoires by examining the economic, political, social and symbolic dimensions of wealth, violence, religion, and kinship.

02. Dynasties politiques

Projet : 2017-2022 : Dynasties en politique en Afrique : analyse comparée en Afrique de l’Ouest et centrale
Subvention : Conseil de Recherche des Sciences Humaines (CRSH), Programme Savoir, Canada
Statut : Chercheure principale

Projet : 2013-2017 : Hérédité et politique : successions politiques et transmission familiale du pouvoir politique en Afrique subsaharienne
Subvention : Fonds de Recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), Établissement nouveaux professeurs–chercheurs, Canada
Statut : Chercheure principale

Projet : 2012-2013 : Dynasties politiques en Afrique
Subvention : Fonds de démarrage en recherche de la Faculté des Sciences Sociales, Université Laval, Québec, Canada
Statut : Chercheure principale

Projet : 2011-2016 : Elections and practices of citizenship in Africa (Senegal-Mali)
Subvention : Joint Project Grant, Programme Alliance
Statut : Co-chercheure avec Richard Banégas (Université Paris 1-Sciences-Po Paris, chercheur principal) et Mamadou Diouf (Columbia University, chercheur principal) et une équipe de 15 chercheurs

Expérimentée sur le continent européen à partir du XIXe siècle, la généralisation des systèmes politiques concurrentiels et la circulation internationale des normes démocratiques (représentation, élections) ont largement contribué à renouveler les formes de sélection des élites politiques. Cependant, et en dépit de celles-ci, la transmission familiale du pouvoir a continué de perdurer dans différents types de systèmes politiques (plus ou moins concurrentiels) alors qu’elle y semble a priori paradoxale. Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, il est cependant resté très peu travaillé jusqu’à la fin des années 2000.

Ce projet investit ainsi l’étude de l’hérédité comme ressource mobilisée dans le jeu politique (Brossier & Dorronsoro 2016) en se penchant sur les modes de successions héréditaires du pouvoir en Afrique. J’y étudie les mécanismes de transmission familiale du pouvoir, en analysant les modes de socialisation des élites, d’accès à la compétition politique, de la transmission familiale et politique des capitaux sociaux et des modes de légitimation de l’exercice héréditaire du pouvoir.

Depuis quelques années, dans la lignée des pistes ouvertes par les études sur les successions héréditaires dans les autocraties (Brownlee 2007), un intérêt croissant s’est développé dans la littérature pour l’existence paradoxale de dynasties politiques dans des démocraties consolidées (Geys & Smith 2017). Ces travaux récents en science politique et économie politique dessinent un agenda de recherche prometteur. Pas, ou peu de travaux s’intéressent à ces mécanismes dans des régimes hybrides (plus ou moins concurrentiels), dans lesquels la succession héréditaire à la tête de l’État ou au sein des assemblées parlementaires, peut sembler aller de soi. Pourtant ces transferts familiaux du pouvoir n’ont rien d’évident puisque pour exister, ils doivent faire l’objet d’un processus de construction et de légitimation permanent, de la part des leaders que ce soit dans la famille, du parti et de l’arène électorale. L’existence de règles et d’institutions, même faibles dans le cas des autoritarismes compétitifs, contraignent ces projets de successions héréditaires.

Ce projet explore comment les dynasties se forment et perdurent au pouvoir dans des systèmes plus ou moins concurrentiels, notamment dans les pays qui connaissent des transitions politiques au bilan mitigé. J’y développe trois dimensions spécifiques :

Analyse comparée des transmissions familiales du pouvoir dans le monde et en Afrique depuis 1945

Analyse comparée des cas de successions héréditaires au Sénégal et au Gabon

Analyse sociobiographique des élites parlementaires au Sénégal

03. Conflits, État et droit

Law as a weapon: case studies from sub-Saharan Africa (avec Julia Grignon) (dir.)

Book proposal soumis, manuscrit en développement

2016-2019 : Stabiliser le Mali : les défis de la résolution des conflits

Subvention : Centre FrancoPaix, Chaire Raoul Dandurand, Université du Québec à Montréal (UQAM)- Affaires Mondiales Canada
Statut : Co-chercheure, avec Bruno Charbonneau (UQAM- Universit La Laurentienne, chercheur principal), et une équipe de huit chercheurs

Ce projet a permis la production d’une analyse scientifique rigoureuse multidimensionnelle et multidisciplinaire du conflit malien portant sur les trajectoires de l’État, la sécurité, les hiérarchies ethno-raciales, de genre et de castes, les économies de trafic, du maillage insurrectionnel, l’évolution démographique et les interventions internationales. Sous la forme de rapports, bulletins et publications scientifiques, ce projet a été mené dans le but d’éclairer les enjeux à long terme des logiques de transformation du système de conflictualité malien en collaborant avec des universitaires et experts au Mali. Il s’agissait également de venir en appui à Affaires Mondiales Canada dans le cadre du déploiement d’une force canadienne au Mali et soutenir la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour réaliser son mandat de stabilisation et de mise en œuvre des Accords de paix.

2019-2022 : Osons le DIH! Promotion et renforcement du droit international humanitaire : une contribution canadienne

Subvention : Conseil de Recherche en Sciences Humaines, Programme CRSH Développement de Partenariat, Canada
Statut : Co-chercheure avec Julia Grignon (Droit, Université Laval, chercheure principale) et Fannie Lafontaine (Droit, Université Laval, chercheure) et un réseau de dix partenaires académiques et praticiens en Amérique du Nord, Europe et Afrique

Le droit international est aujourd’hui de plus en plus contesté et le droit international humanitaire (DIH), branche du droit international conçue spécifiquement pour régir les conflits armés, n’y fait pas exception. Loin d’être figé, le droit international humanitaire peut évoluer et s’adapter aux guerres contemporaines. Ce projet de recherche souligne l’importance d’étudier le DIH, le réaffirmer, le diffuser, l’enseigner, à oser le questionner dans le but de le faire évoluer, tout cela afin de participer aux processus visant à atténuer les maux de ceux et celles qui sont affecté-e-s par les conflits armés.

L’objectif du projet de recherche est de contribuer au développement et à la réaffirmation du droit international humanitaire à toutes les étapes du processus normatif, par la création d’un réseau international permettant une collaboration renforcée des acteurs clefs du champ du DIH entre le Canada, l’Europe et l’Afrique). Le Comité international de la Croix-Rouge, mandaté par les Conventions de Genève comme gardien du droit international humanitaire, est l’un des partenaires centraux de ce projet. Y sont également associé-e-s la Croix-Rouge canadienne et la Croix-Rouge française, le Concours de droit international humanitaire Jean-Pictet, le Centre africain de droit international pénal et humanitaire (Burkina Faso), le Centre de recherche et d’action pour la paix (Côte d’Ivoire), et l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger).

Ce projet vise à identifier les règles de droit international humanitaire; contribuer à une interprétation évolutive de ces règles; rendre ces règles accessibles à travers une meilleure diffusion; et participer à un meilleur enseignement du droit international humanitaire. Par ailleurs, de manière transversale, ce projet de recherche souhaite contribuer à densifier l’offre francophone en la matière.